Disparition de l'astronaute Michael Collins

Triste nouvelle, on a appris hier soir la disparition à l'âge de 90 ans de l'astronaute étasunien Michael Collins, qui fut en juillet 1969 le pilote du module de commande autour de la Lune de l'historique mission Apollo 11. 

Portrait officiel de la NASA de Michael Collins réalisé en 1969 pour Apollo 11.

Grand nom de l'histoire spatiale, Michael Collins était né à Rome le 31 octobre 1930. Fils, neveu et frères de militaires, il se tourne vers l'US Air Force et devint pilote d'avions de chasse. Il passe alors par plusieurs bases, dont une en France. Après une bonne carrière à ces postes, Collins devient pilote d'essai pour le compte de l'armée de l'air des Etats-Unis au début des années 1960. 

En 1962, la NASA lance un deuxième recrutement d'astronautes. Collins tente sa chance mais n'est pas retenu par l'agence spatiale. Il continue alors de se perfectionner dans son travail de pilote d'essai et repose sa candidature à la NASA l'année suivante. Cette fois-ci, c'est la bonne : Michael Collins est sélectionné comme futur astronaute au sein du 3e groupe avec d'autres futurs membres des missions Apollo vers la Lune tels que Richard Gordon, David Scott, Edwin Aldrin, Alan Bean, William Anders ou Eugene Cernan. 

Après le succès des missions Mercury, la NASA se lance dans le programme Gemini qui a pour but de perfectionner ce que l'on maîtrise déjà du vol orbital et d'apprendre toutes les procédures et techniques qui seront nécessaires à la réussite des missions lunaires Apollo. 

D'abord pilote dans l'équipage de réserve de la mission Gemini 7 en décembre 1965, Collins prend le poste de pilote titulaire de la mission Gemini 10 qui a lieu en juillet 1966. Durant cette mission de trois jours autant de la Terre qui a pour objectif de perfectionner les rendez-vous et amarrages entre la capsule Gemini et l'étage Agena, l'astronaute sortit deux fois dans l'espace. Malgré quelques petits pépins, Gemini 10 est un succès. Collins et son commandant John Young reviennent sur la Terre le 21 juillet 1966. 


Après la fin du programme Gemini, c'est enfin au tour du programme Apollo de conquête de la Lune se lancer. 

Du fait de la rotation des équipages et des divers changements consécutifs notamment au drame d'Apollo 1, Michael Collins est nommé pour faire partie de l'équipage de la mission Apollo 8, la première mission qui doit faire orbiter des astronautes autour de notre satellite. 

Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. Victime de soucis de santé, Michael Collins doit se soigner et ne peut donc plus prendre part à ce vol. Il est remplacé comme pilote du module de commande d'Apollo 8 par James Lovell mais il servira tout de même dans l'équipe de soutien au sol au poste de CapCom, c'est-à-dire l'astronaute qui parle à l'équipage dans l'espace. 

Apollo 8 sera un grand succès pour la NASA et les Etats-Unis, marquant un point décisif dans le duel face à l'URSS pour la conquête de la Lune. 


Du fait du système de rotation des équipages en vigueur, les chefs de l'agence spatiale décident de placer Collins pour la mission Apollo 11, prévue pour le mois de juillet 1969. Au moment où l'annonce de l'équipage (Neil Armstrong comme commandant, Michael Collins comme pilote du module de commande et Edwin "Buzz" Aldrin comme pilote du module lunaire) est faite, il n'est pas encore complètement certain que ce vol tentera le premier atterrissage sur la Lune. 

Mais comme les missions Apollo 9 et Apollo 10 se passeront bien, l'équipage d'Apollo 11 est logiquement désigné pour entrer dans l'Histoire. 


Au poste de pilote du module de commande, Collins sait bien avant le lancement qu'il ne marchera pas sur la Lune. Durant cette mission historique, il pilote le module Columbia durant toutes les phases critiques du vol : récupérer le module lunaire, faire l'injection trans-lunaire, entrer en orbite autour de la Lune, maintenir le vaisseau en état et quitter l'astre pour revenir sur la Terre. 

Pression supplémentaire cependant et pas des moindres, s'il ne marchera pas sur la Lune, ce sera à lui de récupérer Armstrong et Aldrin qui en reviendront. Cela signifie donc qu'en cas de défaillance de l'étage de remontée du LM, Collins devra revenir seul sur la Terre et sera l'unique survivant de l'équipage. 

Le lancement d'Apollo 11 a lieu le 16 juillet 1969 et tout se passe bien durant le voyage aller jusqu'à la Lune. Lorsque que le moment fatidique arrive, Collins se sépare d'Armstrong et d'Aldrin, restant seul autour de la Lune. Quelques heures plus tard, ses deux camarades devinrent les premiers Hommes à fouler le sol de notre satellite. 

Collins, lui, tourne tranquillement autour de la Lune sans pouvoir suivre par écran cet événement historique. Mais il est le témoin privilégié d'une situation que très peu d'humains ont eu l'occasion de connaitre encore aujourd'hui : lorsqu'il survole la face cachée de l'astre, il perd toute communication avec Houston et devient l'homme le plus isolé du monde, seul dans l'Univers. 

Finalement tout se passe bien pour Armstrong et Aldrin qui repartent sans encombre de la surface lunaire et rejoignent Collins. L'équipage revient sain et sauf sur la Terre le 24 juillet 1969. 

Après le retour, Collins, même s'il n'a pas marché sur la Lune, passe comme ses deux compagnons de voyage la période de quarantaine contre d'éventuels microbes lunaires puisqu'il a manipulé les échantillons durant le transfert entre les deux vaisseaux (et même sans ça, si Armstrong et Aldrin avaient été malades, il l'aurait été aussi). Ils effectueront ensuite une grande parade à New York puis une grande tournée mondiale.  


Après la réussite triomphale d'Apollo 11, Collins ne repartit pas dans l'espace, décision qu'il avait prise déjà avant le vol. Il aurait pu largement prétendre commander une mission suivante pour se poser sur la Lune mais il considéra qu'il avait participé à une mission historique et que cela lui suffisait. D'autant plus que les longues absences pour les entrainements pensaient sur son équilibre familial. 

Collins eut par la suite plusieurs postes importants : secrétaires d'état adjoint aux affaires publiques sous le gouvernement de Richard Nixon en 1970-71 puis directeur du National Air and Space Museum de Washington entre 1971 et 1978 et sous-secrétaire à la Smithonian Institution. Il termine aussi sa carrière militaire au grade de major général en 1982. Il se tourna vers d'autres activités, écrivit des livres sur l'espace et s'adonna à ses loisirs.

Il répondait également présent à chacune des commémorations de la mission Apollo 11. 

Astronaute de légende et figure incontournable de l'épopée Apollo, Michael Collins est donc mort hier à l'âge de 90 ans des suites d'un cancer. 

Buzz Aldrin est désormais le dernier survivant de l'équipage de cette mission historique. 

Notons qu'il ne reste également qu'un seul pilote de module de commande à avoir orbité autour de la Lune en solitaire lors des missions d'atterrissages encore vivant, à savoir Ken Mattingly d'Apollo 16. 

Sur les vingt-quatre hommes à avoir été jusqu'à la Lune (qu'ils se soient posés ou non), il n'y en a plus de vivants que 9 : 
  • Frank Borman d'Apollo 8 (93 ans)
  • James Lovell d'Apollo 8 et Apollo 13 (93 ans) - Devait marcher sur la Lune lors d'Apollo 13
  • William Anders d'Apollo 8 (87 ans)
  • Thomas Stafford d'Apollo 10 (90 ans)
  • Edwin "Buzz" Aldrin d'Apollo 11 (91 ans) - 2e Homme à avoir marché sur la Lune
  • Fred Haise d'Apollo 13 (87 ans) - Devait marcher sur la Lune lors d'Apollo 13
  • David Scott d'Apollo 15 (88 ans) - 7e Homme à avoir marché sur la Lune
  • Charles Duke d'Apollo 16 (85 ans) - 10e Homme à avoir marché sur la Lune
  • Harrison Schmitt d'Apollo 17 (85 ans) - 12e Homme à avoir marché sur la Lune
Malheureusement, cette génération des pionniers aura peut-être entièrement disparu avant que des astronautes soient retournés sur la Lune...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les maquettes de C'est Pas Sorcier (partie 1)

La théorie des anciens astronautes...

C'est un Complot : on a pas marché sur la Lune !