Au Cœur de l'Histoire : les mystères de Christophe Colomb

Aujourd'hui un article pour partager un numéro d'une ancienne émission de radio sur l'une des figures les plus importantes de l'Histoire du monde. 

Une figure qui marqua l'Histoire tant en bien qu'en mal. 


Le 12 octobre 1492, l'expédition menée par le navigateur génois Christophe Colomb afin d'ouvrir une nouvelle route commerciale vers l'Asie pour le compte des souverains d'Espagne atteignait les rivages d'une terre inconnue. Colomb et ses hommes pensent avoir atteint une île du grand large de la Chine ou du Japon. Nul ne le sait alors mais ce jour marque le début de l'une des plus grandes découvertes de tous les temps mais également hélas d'une des pires tragédies de l'Histoire.

Aboutissement d'une longue lutte pour le navigateur italien, qui depuis de nombreuses années rêvaient de prouver qu'il était possible de traverser l'océan Atlantique afin de rejoindre les Indes. Mais il ignore encore qu'il n'est pas à l'endroit voulu. En réalité, Colomb vient de découvrir une terre annonçant l'existence de ce qui s'avérera progressivement être un nouveau continent, que l'on appellera plus tard l'Amérique. 

Autre surprise de taille, cette île et les suivantes sont peuplées par des tribus très différentes de ce que l'on croyait connaitre de l'Asie. 

L'exploration de ce "Nouveau Monde" par Colomb et ses hommes va certes faire connaitre nombre de territoires, modifier drastiquement les cartes du monde et permettre de découvrir quantité de choses sur la culture des Hommes de ce continent, de la faune, de la flore, de la géographie mais elle va aussi rapidement se muer en une course effrénée et obsessionnelle de leur part puis de l'Europe entière à la recherche de richesses et d'or, une ambition qui causera malheureusement l'esclavage et la mort de millions d'autochtones. 


La postérité de Christophe Colomb sera marquée au fil des siècles par ce paradoxe, la découverte de l'Amérique conjuguant d'une certaine façon le meilleur de l'Humanité (l'exploration, l'envie d'apprendre, de comprendre, d'aller voir, de repousser les horizons, de mettre à jour de nouvelles choses) et le pire de ce que notre espèce est capable de faire (la colonisation, la destruction, le génocide, la quête de profit qui passe avant tout, etc). Tantôt personnage adulé par l'Histoire comme un génie absolu ou un visionnaire, tantôt figure honnie comme aujourd'hui notamment pour les conséquences de ses actes envers les Amérindiens, Christophe Colomb reste et restera, qu'on le veuille ou non, un personnage absolument incontournable de notre passé : sans lui l'Histoire aurait été radicalement différente, que ce soit en mal ou en bien.

Au-delà des polémiques récentes plus ou moins justifiées (certaines réclamations sont légitimes, d'autres sont complètement hors de proportions et la "cancel culture" qui sévit de nos jours fait des secondes un summum de stupidités révisionnistes vides de sens), la figure de Colomb reste passionnante autant pour ses bons que ses mauvais cotés : il y a quelque chose d'inouïe dans la détermination de cet homme - en outre probablement un des plus grands navigateurs de son temps -, son parcours personnel, les péripéties de ses quatre expéditions vers l'Amérique*, les découvertes faites, sa façon de penser et de concevoir les nouvelles terres, ses croyances, ses sources, ses erreurs, ses défauts, sa face obscure. Malgré tout ce que l'on peut penser du personnage aujourd'hui, l'on ne peut nier que Colomb reste une personnalité historique parmi les plus complexes, les plus riches, les intéressantes, les plus passionnantes. 

Et bien évidemment, au milieu de tout cela, même un demi-millénaire après sa mort, Christophe Colomb demeure entouré de mystères et de légendes, notamment sur sa naissance et les origines de son projet qui devait changer le cours de l'Histoire du monde.

Et c'est justement pour parler un peu de ça que j'ai décidé de vous partager ce numéro de la célèbre et regrettée émission radiophonique Au Cœur de l'Histoire de Franck Ferrand consacré justement au grand navigateur. A cette occasion, étaient reçus à l'antenne d'Europe 1 les historiens Patrick Girard et Denis Crouzet.

En souhaitant que cela vous intéressera, bonne écoute 😉 !     
 

Une question revient souvent depuis un certain nombre d'années : étant prouvé que d'autres (les Vikings au moins) ont atteint des terres de l'Amérique avant lui, Christophe Colomb peut-il encore être considéré comme le découvreur du Nouveau Monde ? Pour ma part, je pense que oui parce qu'il faut bien prendre en compte le fait que les autres n'ont finalement rien fait de cette découverte. Ils y sont allés pendant peu de temps, ils en sont revenus et la mémoire de ces voyages-là s'est perdue avec le temps. Personne en Europe avant 1492 ne se souvenait des voyages des Vikings, c'était devenue une légende. Idem pour les autres histoires, qui ont d'ailleurs été ressorties et réinterprétées à des fins politiques après le premier voyage du navigateur génois. Mais ce n'est qu'à partir des expéditions de Christophe Colomb que l'on sait de manière définitive que l'Amérique existe et que la connaissance est ancrée. Si l'on sait que l'Amérique existe, c'est grâce à lui et c'est donc bien lui le découvreur.

Mais si l'on veut nuancer davantage, l'on pourrait dire que Colomb est le découvreur moderne de l'Amérique. Bien évidemment, il y avait déjà des Hommes sur ces terres et ce depuis un sacré paquet de millénaires. De même donc que l'on ne parle pas de découverte de l'Europe, de l'Afrique ou de l'Asie puisque ces territoires étaient connus et habités depuis la nuit des temps, on peut alors considérer légitimement que la "découverte" a eu lieu, d'après les connaissances actuelles en archéologie, au moins 12 000 ans avant notre ère voire jusqu'à 33 000 ans, lorsque les premiers Hommes sont arrivés sur ce continent.

Du reste, autre chose qu'on lit souvent, Colomb a-t-il vraiment compris que ce qu'il venait de découvrir n'était pas l'Asie ? La réponse est probablement quelque part entre le oui et le non. Il faut se rappeler qu'à l'époque le fait qu'un immense continent inconnu puisse exister dans l'océan entre l'Ouest de l'Europe et l'Est de l'Asie ne coule pas de sources et ce pour plusieurs raisons : 
  • Contrairement à des terres mêmes encore lointaines comme l'Afrique noire, personne n'en avait jamais entendu parler.
  • Les savants grecs et romains n'ont jamais rien dit sur ça.
  • La Bible n'en parle pas non plus. 
Or, Colomb étant très bien informé des connaissances de son époque, cela ne facilite pas la prise de conscience. Et ce d'autant moins que le Génois ne jure également que par les écrits de Marco Polo et n'a comme image de l'Asie que celle transmise par l'ouvrage du marchand vénitien. En dehors de la possibilité asiatique, Colomb se réfère aussi souvent aux royaumes mythiques mentionnés dans l'Ancien Testament et croit sans doute qu'il va finir par les atteindre ou s'en approcher.

Cependant, le regard qu'il porte sur le Nouveau Monde se place progressivement dans un entre-deux, comme en témoigne la carte ci-dessous. Colomb se rend bien compte que les choses qu'il découvre ne ressemblent pas vraiment à ce que Marco Polo décrit dans son récit. Il n'est donc fatalement pas encore arrivé en Chine ou au Japon (bien qu'il pensera un bon moment que Cuba est ce dernier) mais il imagine qu'il n'en est pas loin et que ces îles n'en sont que des terres avancées. Il semble qu'il pensait espérer tomber sur une sorte de détroit séparant les terres de l'Amérique centrale et la Chine. 

On peut aussi faire remarquer que si Colomb est obsédé par la Chine et le Japon, c'est aussi parce que c'est ce qu'il a vendu comme objectif aux souverains catholiques. Donc pour avoir les moyens nécessaires à continuer les voyages, il fallait bien les convaincre qu'on était à l'endroit qu'on voulait trouver. 

De toute évidence, dans son esprit, Colomb savait qu'il n'était pas encore en Chine mais ne concevait pas qu'il abordait un continent entièrement nouveau. 


A titre personnel, malgré les drames évidents dont il fut à l'origine, j'avoue que Christophe Colomb demeure un de mes personnages historiques préférés. 

Etant passionné de découvertes et d'explorations, notamment spatiales (qui sont finalement l'équivalent contemporain des grandes expéditions du passé), je ne peux qu'être sensible à l'épopée colombine. 

D'une certaine façon, Colomb représente une sorte d'image de l'esprit idéal de l'exploration qui est souillé par de mauvaises considérations entrainant des erreurs et des violences immondes. 

Dans un monde idéal, l'exploration du Nouveau Monde aurait été faite pour la découverte et l'enrichissement de la science et de la culture, les échanges avec les autochtones se limitant à étudier leurs cultures, leurs croyances, leur art, leur histoire. Cela n'aurait pas forcément empêché aux Européens de s'installer en Amérique mais pas de façon aussi massive (quelques milliers d'Hommes tout au plus) et cela aurait exclu les massacres et les abominations qui existèrent hélas dans la réalité. Comme l'Antarctique actuellement, l'Amérique aurait pu être une terre de savoirs et de sciences. 

C'est sans doute pour cette image optimiste de la découverte que j'apprécie autant la vision de Colomb dans le film 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott car on y voit bien plus un homme humain au rêve brisé par la société de son temps qu'un ambitieux qui ne veut que le profit quitte à avoir du sang sur les mains. Même s'il est relativement éloigné de la réalité historique, j'aime beaucoup cette conception du personnage. 

Un de mes films préférés.

Hélas, l'Histoire ne retient que rarement de ses erreurs (colonisation de l'Algérie, empires coloniaux, etc) et même de nos jours lorsque l'on voit les projets insensés de certains pour coloniser (rien que l'emploi du terme pose un problème conceptuel qui devrait faire réfléchir les partisans !) la Lune et Mars, on se dit que le coté obscur de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb ne tardera pas à rejaillir dans le futur. 

Certes, il n'y aura pas de massacres d'Amérindiens ou de déportations de Noirs africains sur la Lune et sur Mars mais l'on risque de commettre des écocides majeurs pour des raisons encore bassement commerciales et financières. 

Envoyer des Hommes sur la Lune et sur Mars pour les explorer, OUI. Mais coloniser la Lune et Mars pour en tirer des ressources ou s'y installer à demeure pour toujours, NON. Les erreurs du passé sont à ne pas reproduire, la présence humaine future dans l'espace devra se faire dans l'esprit de ce que l'exploration européenne de l'Amérique aurait dû être. 

Photographie de la fin du XIXe siècle des ruines d'une maison de Corse réputée être la maison natale de Christophe Colomb.
J'avoue ne pas savoir si l'endroit existe encore de nos jours.



* Christophe Colomb aura effectué quatre voyages transatlantiques en l'espace de douze ans : 
  1. Du 3 août 1492 au 15 mars 1493.
  2. Du 25 septembre 1493 au 11 juin 1496.
  3. Du 30 mai 1498 au 19 octobre 1500.
  4. Du 9 mai 1502 au 7 novembre 1504.
Colomb meurt un an et demi après le retour du quatrième voyage, le 20 mai 1506 à Valladolid. 

Eh oui, contrairement à ce que disent les conspirationnistes, il y a bien eu plus de missions habitées sur la Lune que de voyages de Colomb en Amérique. Ce qui n'empêche pas l'argument pourrave de courir mais je le débunkerai une autre fois. 

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